Didier Novarèze, le délégué syndical CGT de la société, est abasourdi par ce nouveau rebondissement. Sentiment très partagé d'ailleurs, dans l'entreprise et alentours. «Pour le moment bien sûr, rien n'est certain en ce qui concerne cette vente, mais nous allons être très vigilants. Mais bon, on ne peut pas non plus lancer un mot d'ordre pour rien. Il faudra donc attendre...» Attendre quoi ? Sans doute le résultat d'une réunion annoncée pour ces prochains jours aux États-Unis, entre les principaux actionnaires de Quiksilver. Sans aucun doute rendus frileux par la crise des "subprimes" qui a mis en déroute le marché de l'immobilier, mais aussi les banques et la bourse, lesdits porteurs devraient se prononcer sur la marche à suivre concernant Quiksilver. Mais là encore, que pourrait bien peser Dynastar dans leur choix ? «C'est un fait que la saison dernière a été calamiteuse pour les fabricants de skis, admet Georges Morand, le maire de Sallanches. Mais cette saison s'annonce très bonne pour l'usine !» L'argument est bien faible, d'autant qu'on ne pourra juger de cela qu'à partir de la mi-février, selon Didier Novarèze. Quel autre levier actionner ? Le député de la circonscription, Martial Saddier, attend d'en savoir plus sur la volonté de Quiksilver avant de s'engager plus avant. Et si leur ambition est de vendre, «je m'attacherais à leur rappeler leurs engagements pris lors du rachat de Dynastar. Ils avaient dit qu'il n'y aurait jamais de suppression totale de l'activité sur Sallanches. De plus, je vais alerter Bercy et demander au ministère d'être vigilant sur cette affaire». Comme un parfum de Salomon... Le maire de Sallanches, lui, se dit écuré par ces affaires d'actionnaires. «C'est inadmissible de voir notre technologie s'en aller ainsi ailleurs. Que vont devenir les salariés de Dynastar si cette vente se fait ?» C'est bien la question, même si, selon Didier Novarèze, le directeur des ressources humaines de l'usine, Jean Claude Louis, assure que pour l'heure, il n'y a rien de précis dans cette affaire. Puis, à part, le délégué CGT avance : «Ce n'est que mon intuition personnelle, mais ces silences, ça ressemble bien à ce qui s'est passé chez Salomon. Bien sûr, j'espère me tromper, mais depuis le temps, moi, je ne crois hélas plus aux coïncidences...»