Huit hommes des Groupes montagne venant de départements de la France entière, des Alpes-Maritimes de Savoie/Haute-Savoie, de Drôme ou encore des Pyrénées Atlantiques ont suivi leur formation SMO3. Comprenez chef d'unité. Les voilà aptes à commander une opération de secours en montagne sur le terrain. Un sauvetage en crevasse au pied de la Dent du Requin, puis une remise de médailles officielle à Chamonix, ont ponctué une semaine d'entraînement, dans ce massif du Mont-Blanc, où pourtant les pompiers montagnards ne peuvent intervenir -sauf déclenchement du plan de secours nécessitant la mobilisation de tous les moyens, comme sur l'avalanche du Tacul en août dernier- car c'est la chasse gardée des gendarmes du PGHM. Et dans le domaine du secours, lourd d'enjeux et d'histoire, les susceptibilités entre corps sont parfois vives. D'autant que la frontière entre zones d'intervention et la délimitation des rôles des uns et des autres sont parfois ténues. Quand une personne est disparue sur les bas versants, lorsqu'une avalanche atteint une zone urbanisée ou une route par exemple. Ce fut le cas cet hiver lorsqu'une coulée a coupé la RN 1506 au col des Montets, entre Chamonix et Vallorcine, et que la première alerte suspectait la présence d'une voiture ensevelie. N'empêche, les pompiers montrent qu'eux aussi ont compétence et expérience en matière de secours en montagne, perfectionnant au fil des ans leur aguerrissement. D'ailleurs bon nombre d'entre eux sont guides, moniteurs ou pisteurs. Et ils entendaient le faire savoir. Il faut trois ans pour parachever la formation d'un équipier du groupe montagne des sapeurs-pompiers (GMSP) et trois niveaux. Après 11 semaines de formation-spécifique, le sapeur-pompier GMSP détiendra la totalité du savoir-faire. Mais au-delà la formation initiale, les meilleurs aspirent à devenir chef d'unité, au prix d'un enseignement supplémentaire d'un an comprenant quatre modules : secours été, hiver, glace et canyon. En Haute-Savoie, le Groupe Montagne des sapeurs-pompiers qui intervient dans tous les massifs du département, excepté le Mont-Blanc donc, a réalisé quelque 561 opérations en 2008. Le GMSP 74 est une équipe spécialisée du Service Départemental Incendie et de Secours (SDIS) en charge de missions dans les zones d'accès difficile. Professionnels ou volontaires, 150 hommes dont seize chefs d'unité sont répartis dans quinze centres de secours de Haute-Savoie. Le GMSP assure l'encadrement des équipiers de première intervention en montagne garantissant un maillage serré du département. Par ailleurs treize médecins-pompiers complètent la chaîne du secours. Un groupe de 20 GMSP, principalement des chefs d'unité, permet d'assurer chaque jour les gardes héliportées aux bases hélicoptères de la Sécurité civile à Meythet et Chamonix ou à la section aérienne de la gendarmerie de Chamonix pour la partie orientale du département. Le principe arrêté par le préfet de Haute-Savoie dans le plan de secours en montagne est le travail en mixité avec les gendarmes et les médecins. Interviewé, le colonel Richard Vignon, patron de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers mettait en évidence les spécificités de son corps dans le sauvetage en altitude: désincarcération sur un crash d'hélicoptère ou incendie en refuge, des compétences purement pompiers transposées là-haut. Réaffirmant ainsi les positions des "rouges" dans cette activité montagne qui sur le territoire national fait l'objet d'un strict découpage des champs d'action entre CRS (police nationale), gendarmes et pompiers. Autant de personnels désormais réunis au sein du ministère de l'Intérieur et dans un contexte de RGPP (révision générale des politiques publiques) qui n'aura échappé à personne. Le Dauphine