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L'Ensa, future Insep des cimes ? - Le Dauphine

En soutenant ouvertement la candidature de Chamonix, face aux concurrents Albertville et Bourg Saint-Maurice pour accueillir le centre national de ski, le directeur de l'École nationale de ski et d'alpinisme (Ensa), Pierre Oudot, entend élargir le positionnement de son établissement, pôle d'excellence dans la formation des guides, moniteurs ou pisteurs, vers le haut niveau et la compétition. La structure a déjà fait l'objet d'une réorganisation interne, le brevet d'État de guide doit changer à partir de 2010 et la formation des moniteurs qui déjà se fait en partie sur d'autres stations ne peut, selon lui, se passer de Chamonix. Le point avec le directeur d'une institution phare, à une charnière de son histoire. Fruit de la grande réflexion engagée après la forte accidentologie chez les professionnels à l'entame des années 2000, en collaboration avec le syndicat des guides, le brevet d'État va être modifié l'an prochain. Les textes réglementaires sont attendus pour 2010. Si la liste de courses imposée sera moins exigeante, l'examen probatoire, la sélection d'entrée, comptera une semaine de plus et ce peut-être dès cette année. «Afin d'observer le comportement en montagne du candidat alors que la première semaine évalue son aisance technique», explique Pierre Oudot. Deux évolutions sont à signaler. Le rajeunissement des guides à former d'abord. «Jusque-là on sortait guide diplômé à l'horizon de la trentaine et le temps d'exercice était limité». Deuxième principe: l'alternance durant les quatre ans de formation avec un mot magique "tutorat". «Avant, on devenait aspirant-guide très vite, il n'y avait pas de progression. Désormais, on veut une montée en puissance des compétences avec un tuteur qui confrontera le stagiaire à la vie professionnelle.» L'Ensa devra passer des conventions avec des guides tuteurs qui deviendront auxiliaires du service public. «Des maîtres de stage en somme.» Avec huit professionnels, guides ou aspirants-guides, encore décédés cet hiver, le plus souvent en pratique amateur, l'organe de formation est forcément en réflexion permanente. «On ne peut que renforcer notre volonté d'analyse des conditions. Les outils mathématiques que nous avons initiés comme la méthode du 3 par 3 pour les avalanches, sont une aide à la décision mais au final, c'est au guide lui-même que revient le choix d'y aller ou non. On ne peut que se rapprocher des rapports d'accidents pour faire évoluer notre approche.» Sur la cascade de glace, également marquée par une forte accidentologie cet hiver, des études scientifiques sur la résistance du matériau sont en cours et devraient encore "rationaliser" l'enseignement de cette discipline qui fait déjà l'objet de cours théoriques et de sessions spécifiques. Le corps professoral recommande désormais la plus grande vigilance concernant les lignes pendantes, détachées de la roche. Du côté des moniteurs de ski, le gros dossier actuel concerne l'enseignement du snowboard par des professionnels étrangers au diplôme spécifique sans équivalent en France. «Deux moniteurs allemands de snowboard ont attaqué la France auprès de la Cour européenne car on leur a interdit d'exercer sur le territoire. On travaille à l'écriture d'un arrêté qui va nous permettre de normer la différence de niveaux par rapport aux moniteurs français. On va voir ainsi si le diplôme étranger correspond aux garanties du diplôme français de moniteur et peut-être mettre en place des épreuves d'évaluation.» Pierre Oudot a bien intégré les récentes directives du secrétaire d'État aux Sports: «Sa politique est basée sur le sport de haut niveau et la formation en environnement spécifique. Notre légitimité n'est pas remise en cause. Mais l'objectif numéro 1, c'est d'améliorer le rang sportif de la France. Comment comprendre que l'Ensa ne concourt pas à ça?» Des grandes structures nationales dépendant du ministère de la Jeunesse et des Sports, l'Ensa est une des rares à ne pas jouer la carte de la compétition. La création de ce centre national de ski de haut niveau (lire ci-contre) dans les locaux de l'école et du lycée chamoniard, donnerait à l'établissement des allures de pendant hivernal de l'Insep. «Notre objectif est la création d'un campus olympique et sportif des disciplines d'hiver françaises.» Il se murmure que la direction du centre nordique de Prémanon pourrait alors être rattachée à l'Ensa. Reste que si ce centre échappe à Chamonix, l'école ne risquerait-elle pas de se voir fragiliser avec une logique qui voudrait voir la formation des moniteurs suivre cette structure de haut niveau à Bourg Saint-Maurice ou Albertville? Qu'adviendrait-il d'une Ensa limitée à la formation des 50 guides de haute montagne qui sortent chaque année? «La question peut être légitimement posée», admet Pierre Oudot. Mais le directeur rappelle que, déjà, une partie du monitorat de ski s'enseigne ailleurs qu'à Chamonix. 16 semaines sur 32 se font à Tignes ou aux Deux Alpes. «Une école nationale est exportable.» Quant aux inquiétudes du président du syndicat national des moniteurs, Gilles Chabert, redoutant, dans un contexte de restrictions budgétaires, que des moyens soient mis sur ce nouveau centre de haut niveau au détriment de la qualité du monitorat, Pierre Oudot prévient : «À compétences nouvelles, moyens nouveaux.» Pour cet homme déterminé qui a passé le message au ministre du Budget lors de sa remise de légion d'honneur, l'avenir de l'Ensa est au pied du mont Blanc : «Il va passer de l'eau sous les ponts avant que l'école ne quitte Chamonix. Une grosse partie du monitorat est basée sur l'euro-sécurité et le hors-piste. Or pour cela, Chamonix offre un domaine incomparable.» Le Dauphine

Ski patrol now equipped with the Recco 9 - Chamonix news
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