Un guide annécien se tue au Cervin Hier, un guide annécien a fait une chute mortelle en Italie. Gérald Durand accompagnait un client Français pour escalader le mont Cervin. L'accident est survenu à 4 200 mètres d'altitude, sur le versant italien, alors que les deux hommes progressaient encordés. Pour une raison encore inconnue, le guide a dévissé et a chuté sous les yeux de son compagnon de cordée. C'est d'ailleurs lui qui a donné l'alarme. Les secours alpins du Val d'Aoste, à leur arrivée, ont trouvé la victime encore encordée à son client en état de choc. Ultra Trail du Mont Blanc, un peut d'histoire De Chamonix à Chamonix, tout autour du toit de l'Europe occidentale, ce week-end, ils seront 2300 à souffrir de plaisir pour une grande boucle de 166 km, à avaler en moins de 46 heures, révélatrice d'une nouvelle approche de la montagne. Décoiffant pour le randonneur du dimanche. Ecoeurant pour les pantouflards. Début août, sur les sentiers du massif. À la Jonction, isthme morainique entre deux glaciers, emprunté par les premiers ascensionnistes du mont Blanc, ils dévalent la sente raide en mini short sexy, chaussures légères et bâtons télescopiques, enrhumant le paisible randonneur malgré la chaleur caniculaire. On les appelle les trailers. Là où le marcheur traditionnel transporte pique-nique, femme et marmaille à la quête d'un point de vue pittoresque, le trailer, lui, est léger, léger et pressé, pressé. Prenez le temps indiqué sur les panneaux signalétiques de l'itinéraire, vous divisez par quatre et vous obtenez l'heure à laquelle ce bipède ailé arrivera à destination. Et désormais, tout l'été, cette nouvelle engeance parcourt les massifs montagneux, comme le grimpeur escalade, le parapentiste vole et le randonneur randonne. Qu'on se le dise : une nouvelle clientèle à choyer dans les offices de tourisme. De celle qui participera -participe déjà- au rebond de la montagne en été. Bon certes, il mange peu. Tartiflette et reblochonade sont à proscrire de son régime. Mais, il vient de plus en plus tôt séjourner dans nos stations. Car l'obsession de tous ces Ovni des chemins c'est de s'entraîner pour ces nouvelles courses appelées "trails", voire encore mieux, "Ultra trail". Le nec plus...ultra, d'une distance supérieure à 90 km. Et celle-là, autour du Mont-Blanc de renommée mondiale, elle est unique. Il faut aller à la Réunion avec la Diagonale des fous, traversant l'île de l'Océan Indien, ou encore aux États-Unis avec les 100 miles dans le far-west, pour trouver quelque chose qui s'en rapproche. Et quand on ne le retrouve pas sur ces "musts", le trailer, qu'est-ce qu'il fait, le reste de l'année ? Non, il ne végète pas devant Téléfoot ou Auto moto, le dimanche matin. Il s'affûte encore sur des parcours plus modestes. Presque ridicules en comparaison : 80 ou 60 km...Des épreuves qui s'appellent 6000D à la Plagne, trail des Aiguilles rouges, ou encore course des Templiers dans les Cévennes. "La France est en avance dans le domaine des épreuves nature en semi-autonomie", explique Catherine Poletti, grande prêtresse de l'Ultra trail du Tour du Mont-Blanc. Car aujourd'hui la reine des reines, c'est celle-là : l'Ultra trail. Le Paris-Brest de la course sur sentiers de montagne. Voilà sept ans que l'épreuve existe. Et du monde entier ils accourent, plusieurs semaines à l'avance, pour reconnaître le parcours. La technique est simple : on marche vite dans les montées, on court dans les descentes. Et cela durant dix, vingt, quarante heures...Côté matériel : une paire de bâtons. Et tout le reste se joue au physique et au mental. Comme ça, on peut faire 166 km avec deux fois l'Everest en dénivelé en moins de 46 heures. Soit les caractéristiques de l'Ultra trail. Enfin, ça, c'est la limite pour les traînards. Car le meilleur l'an dernier, l'Espagnol Jornet, avait mis 20 h 56 min. Mais lui est quasiment un pro. Malin, il s'était encore allégé, jouant avec les imprécisions d'un règlement que les organisateurs ont affiné cette année. Poids obligatoire de 2 kilos à la sortie d'un ravitaillement et 1 kilo en arrivant au point suivant de "restauration" où le menu se compose d'abricots secs et de barres diététiques. On ne plaisante pas ! Mais le professionnalisme est à ce prix. "Conquest of paradise" Faire des chronos autour du Mont-Blanc ne date pas d'hier. En 1978, deux sportifs chamoniards, Christian Roussel et Jacky Duc, partaient faire la boucle en petites foulées. Ils avaient mis 25 heures. Au début des années 2000, les sentiers du massif, terrains devenus propices à la concurrence sportive, voyaient revenir des amateurs de rando express. Cette fois-ci dans le cadre d'une course sécurisée et réglementée qui correspondait aux aspirations de l'air du temps. En sept ans de révolution, le trail est devenu un véritable marché. Les concurrents affluent, les épreuves pullulent. Les grandes marques de sports de montagne s'y sont mises. Les Américains North Face bien sûr qui ont acheté le nom de l'épreuve du Mont-Blanc, mais aussi Salomon, Quechua ou Patagonia. Ce petit monde a ses stars, stakhanovistes de l'effort, et les journalistes débarquent de tous les pays pour être à Chamonix, fin août, couvrir cette course de dingues. Ce vendredi, ils seront encore 2300 à s'élancer. Trois mille autres, plus modestes, se répartiront sur trois autres épreuves dont la nouvelle, reliant Chamoix à Courmayeur via Bourg-Saint-Maurice. Mais cette année, les organisateurs, déjà à la pointe en moyens de communication et de géolocalisation, pour suivre à la trace les concurrents éparpillés dans la montage, ont mis le paquet sur le dispositif de secours. Car, en juin dernier, sur le raid du Mercantour, trois participants ont perdu la vie. Du côté de l'Ultra, rodé et expérimenté, on a tout anticipé. Objectif pour les organisateurs : que chaque dossard franchisse debout la ligne d'arrivée. Pour se motiver à aller au bout, le concurrent moyen pourra toujours se dire qu'il sera récompensé par la bise de la grande organisatrice en chef. Avec en musique de fond "Conquest of paradise", la bande originale du film Christophe Collomb. Sous la sueur voilà que pointe la chair de poule.
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