Au refuge du Requin, halte incontournable en vallée Blanche, les gardiens, Annick et Gilbert Pareau, vont bientôt devoir faire leurs bagages après 12 ans de service. Cet hiver, le groupement composé du Club alpin français et de la Compagnie des guides, concessionnaires du refuge, a décidé de ne pas renouveler le contrat reconductible annuellement par accord tacite. « On a respecté le préavis », explique Éric Favret, président des guides. Depuis deux ans, entre le mandant et les gérants, on n'était plus trop en phase. « On avait reçu plusieurs plaintes qui ne portaient pas sur la tenue du refuge, mais l'accueil, explique Favret. On leur a demandé de faire un effort. Cela n'a pas été suivi d'effet. » Un guide attaque en justice sa compagnie Lorsque l'on évoque ces plaintes, Annick Pareau crie au complot. « On nous a virés suite à une lettre de délation. Cette lettre venez la voir, on l'a affichée. C'est un coup monté. Plein de gens nous soutiennent. » Pourtant, une tribune peu complaisante à son égard est parue dans la revue du syndicat des guides en 2008, sur le registre "le Requin porte bien son nom". On ne reconnaît vraiment pas ses mérites. La patronne répond : « Du grand n'importe quoi. » Cet hiver un autre guide s'est plaint d'une hospitalité toute relative. Par mauvais temps, il s'était mis à l'abri dans la cabane avec son client. Comme il ne consommait pas on lui a demandé de sortir. « Il pouvait au moins prendre une boisson. Quand on va au restaurant, on ne s'installe pas comme ça », assure la gardienne, indignée. Vu sous cet angle... Reste que du côté du Club alpin, le cas Pareau a divisé. Roland Ravanel le président est embarrassé : « Je ne suis pas d'accord sur la manière avec laquelle on les a éjectés. Quand on veut tuer son chien on l'accuse de la rage. » Quoi qu'il en soit, Gilbert Pareau, par ailleurs guide, a décidé d'assigner au civil sa propre compagnie et le Caf pour réclamer des indemnités suite à cette fin de contrat que lui et sa femme jugent « vexatoire ». Le Dauphiné