Le bois du Bouchet à Chamonix, c’est le circuit privilégié des familles, pour une petite balade à deux pas du centre-ville. C’est aussi le départ et l’arrivée de tous ceux que le jogging démange. Depuis quelques semaines, le bruit courait dans Chamonix d’un agresseur qui s’attaquait à des jeunes femmes seules. Plusieurs victimes disait-on, et lisait-on sur le réseau social Facebook. Interrogée à maintes reprises, les gendarmes nous assuraient qu’il n’était question que de rumeur, qu’aucune plainte n’avait été déposée. Et pourtant, ce bruit de fond… Jusqu’à mardi. Et voici qu’une jeune femme de 29 ans – que nous nommerons Aube pour ne pas dévoiler son identité – nous raconte son angoissante histoire. Elle faisait un jogging dans le bois du Bouchet, mardi dernier aux alentours de midi, les écouteurs de son MP3 dans les oreilles. « Une personne m’a agrippée par-derrière et serrée avec une hystérie frénétique ». Commence alors une série d’attouchements à caractère sexuel. «Je me suis débattue et je suis parvenue à me dégager de son étreinte en lui donnant un coup de coude au visage. » L’homme l’a alors rattrapée par le poignet, tirée vers lui et tenté de lui saisir son second poignet. Son objectif était visiblement de la tenir à l’écart du restaurant voisin, le Robinson. «Je suis sortie d’une sorte de torpeur et me suis mise à crier. Lui me disait de me taire. Il voulait éviter d’attirer l’attention. » Des cris salvateurs. Attirés, des personnes du restaurant accourent. L’homme prend peur, la lâche et s’enfuit, poursuivi par le gérant de l’établissement. Ce dernier tente de le rattraper, mais abandonne au bout d’une quinzaine de minutes. Hier, l’un de ses collègues nous confirmait les faits. Et toujours la même description Selon Aube, il s’agit d’un homme de type européen, brun, d’environ 1,80 mètre, athlétique. « Il portait un tee-shirt blanc avec un logo circulaire dans le dos et un bermuda rayé… ou à carreaux. » Aube a bien évidemment déposé plainte auprès de la gendarmerie de Chamonix. Le 17 juin déjà, une victime décrivait un homme d’un peu moins de 30 ans, cheveux brun et raides mais broussailleux, yeux foncés, peau mate ; une description très similaire, jusqu’à la corpulence, à celle de l’agresseur d’Aube. Lorsqu’il l’a poursuivie, à neuf heures du matin, « il portait d’amples pantalons noirs et un sweat à capuche rouge. » Et elle aussi affirme avoir alerté la gendarmerie. À notre connaissance, au moins quatre jeunes femmes auraient fait de mauvaises rencontres. Contacté hier, le procureur de la République au tribunal de Bonneville, Pierre-Yves Michau, nous assurait ne pas avoir encore eu connaissance de ces faits. Pour le lieutenant Tachon, commandant la brigade de gendarmerie de Chamonix, il y a là un amalgame entre plusieurs affaires. « Nous avons eu effectivement une plainte mardi dernier. Mais il y a eu aussi un exhibitionniste qui sévissait dernièrement dans le bois et que nous avons arrêté. Il poursuivait les gens, mais sans les agresser. Et il y aurait un autre exhibitionniste apparemment. » Alors, en attendant que les gendarmes appréhendent tous ces malfaisants, peut-être vaut-il mieux éviter de courir seule dans le bois du Bouchet. Même en pleine journée… Le Dauphine