Le 9 février 1999, le village de Montroc, près de Chamonix, a été partiellement détruit par une avalanche qui a coûté la vie à 12 personnes.
Vingt ans plus tard, les habitants de la vallée et les familles de ceux qui sont perdus se sont réunis pour se souvenir des victimes de la tragédie de Montroc.
9 février 1999
Il y a tout juste 20 ans, le hameau de Montroc (74) était rayé de la carte. Avec lui, 12 personnes disparaissaient.
300 000 mètres cubes de neige ont recouvert les chalets où 17 personnes résidaient à ce moment-là. Malheureusement, seuls cinq d'entre eux ont survécu.
« Ça aurait pu être 50 personnes ! », précise Gilbert Delauney. Son fils et sa nièce se trouvaient dans un des chalets. Le bilan aurait pu être encore plus lourd car trois jours plus tard, les vacances commençaient.
La tragédie semble n'avoir aucun sens car tous les occupants ont suivi scrupuleusement les consignes de sécurité. « Presque tous se croyaient en sécurité », se souvient Patrick Bourday, fils du président de l’Airap et frère d’un des disparus.
9 février 2019
Jean-Claude Bourdais, président de l’Association pour l’information sur les risques d’Avalanches urbaines et leur prévention (Airap): « la tristesse ne peut pas se partager ».
M. Bourdais a fondé Airap en 2005, avec d'autres parents de victimes.
"Pour que cela ne se reproduise plus", ajoute Jean-Claude Bourdais. Ce jour fatidique, il a également perdu un fils. Son fils Xavier, âgé de 21 ans, et son amie Fanny Cuvelier, 20 ans, ont été piégés par une avalanche mortelle.
La tragédie reste une cicatrice géante dans l’histoire de la vallée de Chamonix et dans le cœur de toutes les familles qui ont perdu un être cher.
Au pied de la montagne, une croix massive portant les noms des victimes, âgées de 3 à 50 ans.
C'est là que les familles des disparus et les habitants de Chamonix se sont réunis samedi dernier pour commémorer les douze vies perdues il y a vingt ans.
« Ces rassemblements ne guérissent pas, mais ils permettent de se rappeler qu'une avalanche peut tuer même dans une maison », a déclaré Jean-Claude Bourdais.
« Il est dangereux d'oublier »
En juillet 2003, le maire de Chamonix, Michel Charlet, a été condamné à trois mois de prison avec sursis.
Au cours du procès, il a été découvert que le désastre n'était pas tant le résultat d'une fatalité mais qu'il aurait pu être évité.
Un récit d'une avalanche de magnitude similaire à Montroc en 1843 a été trouvé. En outre, un message d’alerte concernant les risques auxquels le secteur a été exposé a été signalé, envoyé par Armand Charlet, guide de haute montagne, dans les années 1970.
L’Airap a vu le jour en 2005, à l’initiative de trois familles de victimes. Après des combats amers et longs, notamment avec l’État, les plans de protection et la cartographie des avalanches ont évolué, avec des moyens concrets mis en œuvre.
« Chamonix est une exception et donne l’exemple aujourd’hui », félicite Jean-Claude Bourdais. Même si, sur les 106 communes en “risques fort d’avalanche, seules 30 ont, pour le moment, fait évoluer leur plan de protection des risques d’avalanches”, comme prescrit depuis 2016.