Les trois candidats aux municipales ont débattu pendant près d’une heure et demie dans le cadre du Grand débat organisé conjointement par le Dauphiné Libéré et TV 8 Mont-Blanc.
Les trois candidats ont confronté leurs idées sur le logement, le tourisme et les transports à la Folie Douce, devant une centaine de personnes.
Ce sont trois personnalités fortes qui briguent le fauteuil de maire de Chamonix ce mois-ci pour les six prochaines années.
L’un est le bien connu Éric Fournier, maire sortant, sûr de ses dossiers et de son expérience, qui brigue un troisième mandat.
L’autre, Jean Fabre, souhaite une alternance à ce « pouvoir hégémonique » et met volontairement son expérience d’ancien préfet sur la table pour asseoir sa légitimité.
Enfin, François-Xavier Laffin, agent immobilier « issu de la société civile », estime lui aussi que cette vallée « va mal » et insiste sur l’urgence climatique. Le décor est planté.
Coût de la vie
Le débat s’ouvrait sur la question du logement, thématique clé dans une commune qui a perdu 1 500 habitants en dix ans, notamment à cause du coût de la vie.
En bon maire sortant, Eric Fournier défendait son bilan : « Nous avons construit 848 logements sociaux ces dernières années et 181 logements saisonniers, donc Chamonix compte aujourd’hui plus de 25 % de logements accessibles. Mais nous sommes conscients qu’il va falloir inventer des nouvelles formes pour limiter la spéculation foncière des résidences secondaires. »
Son opposant François-Xavier Laffin imagine de son côté « garder au maximum le patrimoine collectif au lieu de le vendre », l’exonération des frais de notaires pour les jeunes ménages et la taxation des résidences secondaires.
Transports
Dans les autres thèmes de campagne centraux à Chamonix, on trouve le transport.
« Notre système de libre circulation dans les bus et les trains est efficace, » soulignait Eric Fournier.
Un constat bien entendu décrié par François-Xavier Laffin : « Le système ne fonctionne pas. On a un problème sur la qualité des bus. Et on n’a pas vu le flux de véhicules légers réduire dans le centre de Chamonix. Vous avez construit seulement six kilomètres de pistes cyclables en un mandat. »
Le candidat propose la création d’un super-parking sur plusieurs étages au Grépon pour « désengorger le centre-ville ».
Jean Fabre, de son côté, se refusait à enfoncer des portes ouvertes : « Bien sûr, tout le monde aujourd’hui veut développer les transports doux. Mais le problème de la vallée, c’est aussi la circulation extérieure des camions et des voitures des excursionnistes. Il faut encourager le ferroutage des trains Lyon-Turin. Et travailler avec la communauté de communes du bas pour un vrai réseau de transports. Le reste, c’est du détail qu’il faut regarder quand on est aux affaires. »
Ce que les candidats ont pensé du débat
François Xavier-Laffin : « C’était un échange franc et dynamique. Je suis habitué à la confrontation car je viens du monde associatif du sport. On a bien vu nos différences. Pour moi, c’était l’occasion de mettre en avant notre démarche de proximité. Nous voulons vraiment remettre tout le monde autour de la table et créer des synergies, ce qui ne se fait plus depuis des années. J’étais soutenu par des membres de mon équipe, qui sont nombreux à avoir fait le déplacement ainsi que ma famille. »
Jean Fabre : « Ce débat m’a permis de mieux connaître mes adversaires, nous sommes trois personnalités très différentes et c’est très bien qu’il y ait trois listes plutôt que deux pour le débat démocratique. Mais j’aurais aimé parler davantage du passé, ce qui aurait permis de mieux comprendre les mesures proposées. On attendait de moi des réponses concrètes, mais moi, je ne veux pas faire de démagogie. Une fois en poste, comme quand j’étais préfet, je m’occuperai des détails techniques. C’est pour ça que j’ai préféré parler des grandes options. »
Éric Fournier : « J’aime les débats. C’est un exercice fondamental. C’est bien d’avoir pu aborder certaines choses et de voir nos contradictions. Mais je n’ai pas vu de concret dans les propositions de mes adversaires. Il y a une polarisation autour de ma personne pour dire que j’accapare le pouvoir et que rien ne va, mais peu de réelles propositions. Bien sûr que je dois m’améliorer. J’aurais aimé aborder dans ce débat la gouvernance et la démocratie participative que j’aimerais développer. »