Il a fallu plus d’un an au Conseil d’État pour prendre sa décision. Lorsque le 27 janvier 2010, le décret sur le reclassement de la réserve naturelle des Aiguilles Rouges paraît, il prévoit une interdiction totale de la chasse sur l’ensemble de son territoire. Un cas très rare. D’ordinaire en effet, la chasse des espèces “banales” (non protégées) est autorisée dans les réserves naturelles. Alors, pourquoi elle ne l’est pas aussi aux Aiguilles Rouges ? C’est justement la question que se posent les chasseurs qui, arguant de leur « capacité à gérer les cheptels » comme le souligne leur président, André Mugnier, ont déposé le recours en question devant le Conseil d’État. Ce dernier vient toutefois de leur donner tort en s’appuyant sur l’article L. 332-3 du code de l’environnement qui prévoit notamment que “l’acte de classement d’une réserve naturelle peut soumettre à un régime particulier et, le cas échéant, interdire à l’intérieur de la réserve toute action susceptible de nuire au développement naturel de la faune et de la flore […] notamment la chasse”. Et ce régime particulier c’est tout simplement la date de la création de la réserve des Aiguilles Rouges qui l’explique. Le 24 août 1974, soit deux ans avant qu’une loi nationale fixe la réglementation en vigueur dans les réserves naturelles. Et « à l’époque, on a interdit intégralement la chasse parce on voulait protéger toutes les espèces, notamment des braconniers » explique Dominique Gubler, président de l’association des Amis de la réserve. Et si aujourd’hui, il reconnaît qu’« on a moins besoin d’être aussi restrictif », il avoue « ne pas être mécontent » à l’annonce de cette nouvelle, tout en rappelant que la chasse reste autorisée au vallon de Bérard et à Carlaveyron, deux autres réserves adjointes, au début des années 1990, aux Aiguilles Rouges. Le Dauphiné