Nicolas Sarkozy, alors en campagne au pied du toit de l'Europe, avait rebondi sur cette idée de classement du site du Mont-Blanc au patrimoine mondial de l'humanité. Une belle image en terme de respect de l'environnement que ce classement proposé par le milieu associatif local, en guerre contre les centaines de milliers de camions passant chaque année sous le chef-d'œuvre géologique. L'affaire s'est un peu étoffée à Chamonix avec le maire d'alors, Michel Charlet, qui se lança dans l'aventure du classement Unesco. Et son successeur Éric Fournier de reprendre le flambeau, portant en étendard la fière bannière d'un classement mondial. Mais tout le monde ne pense pas comme Chamonix, autour du mont Blanc. À commencer par le maire de Saint-Gervais, Jean-Marc Peillex, qui n'a de cesse de rappeler que le sommet en question n'est pas la propriété exclusive de Chamonix, qui ne dispose que d'un tout petit quart des quelques centaines de mètres carrés du toit de l'Europe occidentale ; la majorité appartenant à Saint-Gervais, précisément. Et le bouillonnant édile, de décrier l'idée - selon lui erronée - d'un classement à l'Unesco, lui préférant une inscription aux "Grands sites de France" (GSF). Et les deux maires de "ferrailler" par discours et interviewes interposés autour de ce qui pourrait s'appeler "la Controverse du Mont-Blanc". Reste à savoir qui est De Las Casas et qui prend le rôle de Sepulveda... Là où Éric Fournier voit dans ce classement un moyen de préserver un massif et son environnement humain des méfaits d'un tourisme aveugle et d'une route internationale trop fréquentée, Jean-Marc Peillex dénonce l'effet désastreux d'un carcan que l'Unesco mettra en place, limitant le libre choix des habitants du cru de gérer leur patrimoine naturel et culturel. Qu'est ce que le patrimoine mondial ? Crée par l'Unesco en 1972, il concerne près de 900 sites dans le monde, répartis dans 145 pays. Tous doivent avoir la particularité d'être "universels et exceptionnels". Trois catégories de classement existent : les biens culturels, les biens naturels et les biens mixtes. C'est dans cette dernière que le lac espérait se placer.