Oui, le mont Blanc a perdu 45 cm en deux ans mais demeure toujours au-dessus de la barre des 4 810 m. Certes le volume de neige situé à plus de 4 800 m est toujours de plus de 21 000 m³, soit 7 000 de plus qu'en 2003 (année de forte canicule et de déficit de précipitations) mais 2 500 de moins qu'il y a deux ans. Bon. Mais pour ce qui est d'en tirer des enseignements, on repassera. Au grand dam des journalistes, prompts à brandir le chiffon rouge du réchauffement climatique, monsieur Le Meur l'avoue : « Cette distribution topographique reste aléatoire. Ces variations sont peut-être révélatrices d'un phénomène météo mais il est difficile de relever une tendance climatique, vu les périodes plutôt courtes de ces mesures». Les esprits terre à terre pourront se demander pourquoi, alors que les glaciers rétrécissent, la calotte sommitale, elle, reste globalement stable. « La température moyenne annuelle est de -17 degrés au sommet du mont Blanc. Il n'y a donc pas de fusion possible. Pour que la glace fonde il faudrait un changement climatique hors normes », explique, pédagogue mais pas pédant, le scientifique. Le sommet rocheux à 4 792 m En fait on commence à comprendre que cette affaire de mesure du mont Blanc, tous les deux ans, initiée par les géomètres-experts relève davantage d'une affaire de communication grand public pour leur profession et aussi, ponctuellement, pour la candidature d'Annecy 2018. Ses promoteurs ont décidé de faire du toit de l'Europe occidentale son symbole. Et que la mesure se stabilise au chiffre rond de 4 810 m pour la troisième fois en cinq mesures depuis 2001, au fond, conforte la hauteur de cette candidature. Pour ce qui est des enseignements scientifiques, ces huit années d'expérimentations, échelle d'observation courte, confirment ce que l'on supposait : la hauteur du mont Blanc varie au gré de l'embonpoint de sa calotte glaciaire, donc des précipitations mais aussi des effets du vent sur la crête sommitale qui peuvent être décapants ou saupoudrants. Ce que l'on sait aussi c'est que le mont Blanc, dans sa structure rocheuse, grandit toujours et de manière constante, comme les Alpes, massif jeune. Au rythme d'un paisible et contemplatif gastéropode, soit 1mm par an. En 2005, à l'initiative du laboratoire de glaciologie de Grenoble, une coupe du sommet débarrassé de son enveloppe glaciaire avait été réalisée. Cette mise à nu nous apprenait alors que le sommet rocheux du mont Blanc culminait à 4792m, se situant à l'ouest du sommet de surface. Une altitude géologique qui, selon les spécialistes de la tectonique, s'explique par l'interaction de deux failles inverses bordant le massif, conséquence de la collision entre le continent européen et le promontoire africain. Ce que les géologues appellent la zone de cisaillement du Mont-Blanc. Regardez ici la video Le Dauphiné