Avec son allure ovoïdale et son avancée sur le vide, la construction à 4 heures de marche du toit de l’Europe ne laissera pas indifférent. “Cette forme futuriste, c’est une audace architecturale afin de s’adapter sur un plan esthétique et technique aux contraintes de l’environnement”, explique l’un des concepteurs Christophe De Laage. Bref, un œuf sur pattes qui heurtera peut-être les adeptes de la tradition, mais là n’est pas l’essentiel. “C’est comme une voiture. Regardez la Prius. Son allure est ce qu’elle est mais elle répond à des exigences d’économie d’énergie”, convainc l’architecte. Le Suisse Thomas Buchï, en charge de la structure, étaye les mérites de ce refuge hors norme. “À près de 4 000 m d’altitude, il offrira un condensé de tout ce que l’on peut faire en matière d’énergies renouvelable.” 100 % autonome en matière d’électricité, chauffage et eau, doté d’éoliennes, de capteurs solaires ou de fondoir à neige, le futur refuge du Goûter dont les travaux ont commencé en ce début d’été est “une construction qui porte à 3 835 m les valeurs du développement durable” dixit le Club alpin français, maître d’ouvrage de ce projet à 6,5 millions d’euros. L’enveloppe extérieure, composée de pièces en inox, reflétant les cimes au gré de la course du soleil, a été conçue pour résister à des vents de 240 km/h. “On a choisi de bâtir le refuge face aux vents dominants pour limiter les accumulations de neige”, justifie Christophe de Laage. Le chantier hors norme, entamé par la société des guides du Grand Massif en charge des fondations doit être terminé pour juin 2012. Une pelle araignée a été hissée par un hélicoptère Super Puma, permettant la mise à nu de l’arête dont le mur de neige de 12 m donne la dimension. L’été prochain l’ossature bois va être prémontée dans la vallée. Cette construction sur une arête de glace, de gneiss et de schiste est un véritable défi. Elle a fait l’objet d’études géotechniques poussées. “L’arête ne s’est pas effondrée en 10 000 ans, il n’y a pas de raison que ça arrive aujourd’hui”, explique Olivier Percie du Sert, ingénieur géotechnicien. Pas moins de 417 études différentes ont été réalisées sur chacun des 54 pieux qui soutiendront l’assise du refuge. Le Dauphiné