On craignait le pire pour cette jeune femme de 21 ans, originaire de Saint-Gervais, partie seule mardi pour gravir l’Aiguille Verte par le Couloir Couturier, dans le massif du Mont-Blanc. Depuis, elle n’avait donné aucune nouvelle. On la pensait perdue en montagne. Voir article du 17 Mai 2013.
Et puis miracle ! Samedi (18 Mai 2013) matin, la jeune femme a été retrouvée à près de 4 000 mètres d’altitude, après avoir passé quatre jours et quatre nuits dans un trou qu’elle a creusé dans la neige.
Malgré la fatigue, elle a accepté de raconter son expérience, alors qu’elle se repose à l’hôpital de Sallanches:
“Avant de partir mardi, j’avais passé deux nuits presque sans dormir aux Grands Montets, à attendre la bonne fenêtre météo. J’ai retrouvé une cordée de deux alpinistes avec qui j’ai commencé l’ascension du couloir Couturier. À cause du mauvais temps, ils ont décidé de faire demi-tour. Moi à ce moment-là je me sentais bien, et le topo disait qu’après un passage difficile, je trouverai de la neige, plus facile pour avancer. Mais je suis partie trop sur la gauche, et je n’avais plus la force de faire demi-tour. J’ai d’abord planté une broche pour soulager mes jambes. Trop épuisée pour avancer ou reculer, j’ai ensuite creusé un trou dans la neige, je savais que c’est la chose à faire en cas de pépin”.
Pendant ce temps-là, dans la vallée, son père et l’un de ses amis, sans nouvelles de Gaëlle, préviennent le PGHM de Chamonix, qui émet un appel à témoins. Mais la mauvaise météo empêche l’hélicoptère de décoller.
Là-haut, à près de 4 000 mètres d’altitude, Gaëlle attend dans le froid, sans vivres, elle qui pensait ne partir que pour une journée. “Je savais que les secours ne viendraient pas avant samedi, parce que j’avais regardé la météo. J’ai pensé à ma famille tout le temps, c’est ce qui m’a permis de revenir. Je crois en Dieu, et j’étais persuadée qu’il était en train de me donner une leçon, mais je me demandais combien de temps ça allait durer. Maintenant, je sais que c’était une erreur de me lancer seule. J’ai beaucoup prié”.
Et puis hier matin, à 6 h 30, Gaëlle entend enfin l’hélico. “Je l’ai entendu passer une première fois, mais j’étais affaissée dans mon trou de neige. Quand j’ai été sûre qu’il était tout près, j’ai donné un grand coup de pelle dans la neige qui me recouvrait, et j’ai pu sortir la tête pour que les secours me repèrent”.
Aussitôt, la jeune femme est héliportée à l’hôpital de Sallanches, en état d’hypothermie légère, où elle se reposait hier entourée de sa famille, très émue et soulagée. Sa tante nous confiait “avoir craint le pire. Gaëlle n’est pas fluette, je pense que ça a dû l’aider à tenir le coup. Ça demande une sacrée force de caractère, elle m’épate vraiment”.
Malgré son jeune âge, Gaëlle n’a jamais perdu espoir. “J’ai un ange gardien qui veille sur moi, aujourd’hui j’en suis sûre”, dit-elle. Mais ses anges gardiens, ce sont surtout les secouristes du PGHM, que Gaëlle veut “remercier, embrasser” dès qu’elle sortira de l’hôpital.
Source Le Dauphiné