Ils n'ont plus fait parler d'eux depuis la "monstre" marche de soutien organisée à Sallanches, le 4 avril dernier (lire ci-contre). Mais les employés de Dynastar n'en sont pas moins en pétard pour autant. « L'usine est un baril de poudre qui peut sauter à tout moment », résume un membre de l'intersyndicale... Et l'étincelle pourrait provenir de la nomination dans quelques jours d'un nouveau responsable de site (*). La direction du groupe Rossignol n'a pas souhaité communiquer à ce sujet. Mais il se murmure dans les couloirs de l'usine Dynastar qu'il s'agirait d'un cadre issu du site de Nevers, dans la Nièvre. « Une personne qui ne fait pas l'unanimité, là-bas », s'inquiètent les syndicats sallanchards. 90 postes devraient être supprimés, et 32 autres délocalisés La marmite est bouillonnante, bref. « Nous devons chaque jour calmer les esprits, insiste le délégué syndical. Depuis 1998, c'est plan social sur plan social... Les gens en ont ras-le-bol de voir les copains partir les uns après les autres. Et sont aujourd'hui inquiets quant à l'organisation future, mais aussi quant à l'avenir du site (lire ci-contre). » « On va droit dans le mur » Car Dynastar devrait perdre 122 nouveaux postes (90 supprimés, et 32 autres délocalisés), d'ici à cet automne. Et va cette fois « droit dans le mur », estime un autre membre de l'intersyndicale. « Nous allons devoir faire du "haut de gamme", avec des bonhommes, mais également des services en moins (qualité, recherche et développement...). C'est un peu comme si on nous lançait à 200 km/h sur une autoroute, sans nous donner les moyens de franchir le péage », illustre-t-il. Quelques postes pourraient cependant être sauvés dans le cadre des négociations, qui devraient s'achever le 10 juillet prochain. D'ici là, les délégués syndicaux « ne [lâcheront] en tout cas rien ». Notamment concernant les mesures d'accompagnement destinées à ceux qui partiront. « Elles ont intérêt à être dignes de ce nom. Sinon, la direction devra s'attendre à des réponses très dures, de la part de l'ensemble des salariés. » Voilà le décor en tout cas planté... (*) Il n'y a plus de responsable permanent sur le site depuis près de six mois. REPÈRES UNE PAGE S'EST TOURNÉE L'angoisse et la colère montent donc, au sein de la famille Dynastar. « Ce n'est pas le premier plan, mais ça s'est toujours passé de manière humaine. Or, une page a cette fois-ci été tournée », grimace un élu (sans étiquette) du comité d'entreprise. « Il y a le plan. Mais quel est l'après-plan ? Les dirigeants veulent réduire la masse salariale, mais ne disent absolument pas ce qu'ils souhaitent faire pour relancer le groupe... » 1 500 PERSONNES DANS LA RUE, LE 4 AVRIL DERNIER Le 4 avril dernier, une marche de soutien à Dynastar et à ses employés était emmenée, dans les rues de Sallanches, par Jean-Pierre Vidal, champion olympique de slalom à Salt Lake City en 2002, et plusieurs légendes du ski tricolore, comme Michel Vion ou Henri Duvillard.