Mercredi 15 février 2023, Benjamin Védrines et Léo Billon ont réalisé une performance record en reliant, en seulement 15 heures, Chamonix au sommet des Grandes Jorasses, via la difficile voie Gousseault.
Les deux amis ont relié Chamonix au sommet de cette montagne magnétique avec seulement 15 kilos de matériel, deux litres d’eau et même pas de quoi bivouaquer.
Une performance éclair d’autant plus incroyable que la cordée a choisi d’emprunter la voie Gousseault, un des itinéraires les plus relevés et mythiques de cette terrible face nord, parmi les plus difficiles des Alpes.
« On voulait le faire à la journée, mais on ne visait pas un temps spécifique », nous confient ceux qui se connaissent depuis leurs années lycéennes à Die (Drôme).
Partis à 1h30 de Chamonix à ski avec le guide réalisateur Sébastien Montaz Rosset, ils mirent quatre heures pour avaler leur petit-déjeuner constitué de 2000 mètres de dénivelé jusqu’au pied des Grandes Jorasses.
« Lorsqu’on s’est arrêté pour faire fondre de l’eau avec notre réchaud, j’ai bien cru que j’allais me rendormir. C’était presque le moment le plus fatigant de la journée » s’amuse Léo.
À 5h30 du matin, ils s’engagent dans la voie ouverte par René Desmaison. Eux, n’auront eu besoin que de 9h10 pour la terminer. Un record qui montre tout le talent de ces deux montagnards.
« On ne fait pas de free solo. On a peut-être fait 50 mètres d’ascension avec la corde tendue lorsque c’était plus facile, mais sinon, on prend toujours le temps de faire de bons relais, de s’assurer et de se protéger dans les règles de l’art », indique le duo.
Une cordée sur la même longueur d’onde
« Je ne connais que très peu de personne avec lesquelles je peux imaginer entreprendre ce genre de défi. Il faut être rapide dans les longueurs, efficace aux relais, rustique et endurant sur le long terme, tout en maîtrisant l’escalade mixte parfaitement », a dit Benjamin.
Supersoniques, à 16h30, ils étaient au sommet, sans même avoir laissé le temps à leur attachée de presse de rédiger le moindre communiqué et entament une descente éreintante jusque dans le Val Ferret. Là, ils récupèrent la voiture laissée par des amis et filent avaler la pizza qu’ils rêvaient d’engloutir depuis plusieurs heures. Les deux potes empruntent le tunnel du Mont-Blanc et s’en vont dormir dans leur lit.
Une étape importante dans leur carrière
« Réaliser cette voie à la journée, c’est pour moi une étape importante dans la quête de l’ascension parfaite en alpinisme », assure Benjamin. « C’est une démarche vers laquelle j’ai toujours rêvé d’aller, et je ne peux qu’observer que le travail, la passion et l’audace finissent par payer », confie celui qui, il y a dix ans, n’aurait pas cru cette performance possible.
Une performance incroyable puisque, si les ascensions ultrarapides ont été mises à la mode par Kilian Jornet ou Ueli Steck, escalader aussi vite des itinéraires aussi techniques reste encore plus rare et peut-être encore plus audacieux.
Source: @Le Dauphine