Qu'est-ce que ça fait de voir le monde comme un aigle le voit? Cette semaine, les êtres humains vont le découvrir.
Victor, un pygargue à queue blanche, a été entraîné à survoler les Alpes avec une caméra montée entre ses ailes majestueuses.
Les images qu'il révélera sont loin d'être belles à voir. Il capturera les magnifiques glaciers alpins alors qu’ils s’effondrent en raison du réchauffement climatique.
À travers cette expérience, Ronald Menzel, directeur général de Freedom Conservation, espère que « les gens vont voir la nature sous un angle totalement différent » et qu'ils sortiront de leur apathie face au changement climatique.
Embarquez sur le dos d'un aigle
Victor, l'aigle à queue blanche âgé de neuf ans, n'est pas un aigle ordinaire.
Il a été spécialement formé pour survoler les Alpes avec un appareil photo de rotation de 360 degrés sur le dos et un GPS pour suivre ses progrès, afin d'aider l'humanité à réaliser l'un de ses deux plus grands rêves, selon le faucon français et fondateur de Freedom Conservation, Jacques-Olivier Travers: « nager avec les dauphins et voler avec les aigles. »
Victor doit commencer son voyage de cinq jours le 4 octobre 2019, depuis le sommet de la montagne suisse Piz Corvatsch. Il traversera l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie avant de terminer sa tournée de montagne en France le 7 octobre.
Le fauconnier libérera Victor du haut de chaque sommet. Au cours de chaque vol, l'aigle volera de trois à cinq kilomètres et descendra de 1 500 à 3 000 mètres à la recherche de Travers.
« C’est la première fois que nous embarquons dans le dos d’un aigle sur de telles distances et découvrons comment il vole », ajoute le fauconnier Travers.
Selon qz.com, ce n'est pas le premier voyage d'un aigle entraîné par Freedom Conservation.
En 2015, un aigle nommé Darshan a pris son envol depuis le sommet du plus haut bâtiment du monde, la tour Burj Khalifa de Dubaï (828 m) et Freedom Conservation affirmant que ce vol établissait un record du monde pour le vol d'oiseau le plus élevé jamais enregistré d'un bâtiment.
Freedom Conservation a également lancé des aigles depuis le sommet de l’Aiguille du Midi (3 842 m). Ce fut une expérience exceptionnelle, où l'homme et l'animal devaient travailler ensemble - l'un sur des skis, l'autre dans les airs. La caméra située à l'arrière de l'aigle a produit des images uniques du glacier de la Mer de Glace et des sommets environnants (Grandes Jorasses, Aiguille Verte et Aiguille du Dru).
Victor, l'aigle, portera une caméra à 360 degrés sur son dos en survolant les Alpes. Source de la photo @ abcnews.go.com
Facteurs déterminant le succès de Victor
La réussite des vols de Victor dépend fortement des conditions météorologiques, a déclaré M. Travers.
À sa libération, Victor devra voir le fauconnier pour pouvoir lui revenir. Si sa vision est obstruée par des nuages, l'aigle ne viendra pas au fauconnier.
« C’est essentiel qu’il me voie, » dit M. Travers. « Je n’ai pas de télécommande. Donc, s’il ne me voit pas et décide de ne pas venir vers moi, il peut aller n’importe où, » poursuit-il.
De plus, le port de la caméra ralentit l'aigle.
« C’est un peu comme installer une machine à laver sur le toit de votre voiture. Vous n’allez pas aussi vite et vous utilisez plus d’énergie, » a déclaré Travers. « C’est pareil pour lui. Il ne vole pas aussi vite avec ça sur le dos et cela demande un effort plus grand de sa part. »
L'aigle filme les glaciers alpins au bord de l'effondrement, source photo @ Daily Hampshire Gazette
Victor vole pour sensibiliser au réchauffement climatique
Les efforts de Victor porteront leurs fruits, espérons les organisateurs.
En plus d'offrir une vue magnifique et de ressentir le sentiment de voler comme un aigle, cette mission a également un autre objectif.
Travers espère que la lourde charge de l'oiseau fournira à l'humanité des images puissantes qui rendront la fonte des glaciers impossible à ignorer.
Le vol de Victor arrive peu après que le monde entier ait découvert qu'une partie gigantesque du glacier de Planpincieux, située du côté italien du massif du Mont-Blanc, était sur le point de s'effondrer.
Ronald Menzel, directeur général de Freedom Conservation, pense qu'au rythme où la planète se réchauffe, il est trop tard pour sauver les glaciers des Alpes, mais pas trop tard pour lutter plus largement contre le changement climatique.
« Nous espérons qu’une fois de plus, les gens verront la nature d’un tout autre point de vue et se reconnecteront pour s’apercevoir que c’est vraiment extraordinaire et que nous voulons faire quelque chose pour préserver, » a-t-il déclaré.
